Dans notre monde, certains l’appellent la fée bleue, d’autres la poudre des anges, et parfois même le bonheur liquide. Eux, la nomme  ecstasy, cocaïne, ou lsd. Elle est là, elle nous emmène, elle nous emmène loin aux pays imaginaire. Ce pays lointain créé dans ce bonheur factice qui nous fait tout oublier. Oublier que dehors c’est la guerre. Oublier que toutes les semaines des nôtres meurent, et même des leurs. Oublier que tout le monde s’en fout, qu’ils préfèrent survivre à leur petite vie que d’aider les autres. Clochette vous chuchote aux creux de l’oreille, prend un dose de plus, rien qu’une dose, ça ne peut pas te faire de mal.  Le pays imaginaire n’a jamais semblé aussi euphorique. Une bulle factice, faite de non-dits et de produits illicites, aide ses enfants à devenir des adultes. On y grandit, on y rit, on y pleure. Les mœurs s’envolent. Les jupes de filles rétrécissent. L’innocence disparait telle une chimère dans laquelle on n’a jamais cru. La discrimination quelle qu’elle soit n’a jamais été aussi forte, et on le prend avec sourire. On se dit qu’aux pays magique de Peter Pan, on est en sécurité. Qu’ici l’horreur c’est dehors, alors que le mal est déjà dedans. Les adultes nous regardent, sans savoir quoi faire, sans savoir quoi dire. Ce n’est plus leur monde. Ils pensent peut-être que nous méritons cette parenthèse dorée. Observez-vous. Méritons tout ça ? Méritons-nous la guerre ? Méritons-nous d’être perdus aux pays imaginaire ?